L’hiver prépare un lit vert

 

Chaque saison a sa pertinence, son utilité, sa durée.

Parfois, on peut expliquer chacun de ces éléments en cours d’existence. Parfois, seulement une fois la saison terminée et la suivante entamée.

Les plus sages arriveront à tirer pleinement profit de la saison en cours d’expérience. Ou même à prévoir ladite saison pour en extirper tout le potentiel.

J’ai beau savoir que l’hiver viendra, j’éprouve encore de la difficulté à vivre paisiblement ce froid, ce calme, cette fausse mort dans la nature. Puis, lorsque sortent pousses et bourgeons, il m’est bien apparent que cette dormance fût nécessaire, voire bénéfique.

L’hiver préparait un lit vert.

Où en êtes-vous dans votre cheminement saisonnier?

Glisser

Glisser une maille sans la tricoter.

Glisser une lame de patin — se déplacer.

Glisser sa main — caresser.

Glisser sa robe — intriguer.

Glisser sur l’eau sans couler. Admirer le décor, ses occupants, ses qualifiants, sans interférer.

Comment concilier la consommation de la substantifique moelle et le désir que l’on croit impossible à assouvir? 

Comment équilibrer la jouissance du moment présent et l’acceptation de sa fin?

Comment avoir confiance au lendemain quand on a à peine compris le jour d’hui?

Avoir trouvé mon yang, la plus belle découverte qu’il m’a été donné de faire.

Regarder

Où regardes-tu?

Que regardes-tu?

Pourquoi?

Avec intention?

Ou tes yeux sont-ils simplement ouverts par habitude?

Pour seul souci, ta sécurité physique.

 

Je fais le choix de sauver des escargots d'une mort agonisante.

Je suis consciente qu'un oiseau pourrait s'en faire un repas.

Et que le résultat serait le même.

J'ai à cœur de ne pas ignorer la souffrance.

J'ai à cœur ma compassion.

La compassion.

Paradoxe

Éprise d'un sentiment de faiblesse,

Elle doutait d'avoir droit au repos.

Convaincue de sa force,

Elle s'en donne droit, dodo l'égo.

Pourtant,

En y réfléchissant,

C'est dans la faiblesse que le repos est essentiel.

Paradoxe - quand tu nous tiens.

 

Si à chaque jour suffit sa peine,

Faisons le choix de la joie.

Au quotidien, quoi qu'il advienne.

Qu'il fasse chaud ou qu'il fasse froid.

Que notre dos soit courbé ou droit.

Si petite soit-elle,

Trouvons-la.

 

D'aventure

 Et si d'aventure,

Nos chemins se croisent.

Et si d'aventure,

Nous nous voyons.

Je veux être prête.

Délaisser la peur.

Délaisser la crainte.

Ranger l'insécurité

Et tenter l'aventure.

Peut-être me rêves-tu?

Sans véritable espoir que j'existe.

Peut-être m'espères-tu?

Car l'impossibilité ne satisfait pas l'optimiste.

Sois bon.

Sois bien.

Reste dans ton chemin.

L'aventure, c'est peut-être demain.

Une flèche

Une flèche comporte deux extrémités.

Chacune a sa fonction.

Mais quand vous la regardez,

Laquelle retient votre attention?

La pointe qui se dirige vers l’avenir?

Droite, à la perfection,

Pour fendre l’air sans hésitation.

Ou les plumes de l’arrière?

Rouge écarlate, bleu royal ou oranger,

Qui font éternellement partie du passé.

Pour avancer franchement,

Nettement,

Il faut savoir d’où l’on vient.

Pour avancer vraiment,

Honnêtement,

Il faut surtout regarder devant.

Même si on a aucune espèce d’idée de ce qui nous attend.

Questions de...

Le pouvoir des mots est fort.

Par conséquent, usons de prudence 

À choisir ceux auxquels on accorde de l'importance.

Pour soi.

Pour l'autre

Car si je te crois qui me dit aimable.

Car si je te crois qui me dit désirable.

Car si je te crois qui me dit détestable.

Car si je te crois qui me dit méprisable.

Qui suis-je?

Que puis-je?

Que veux-je? 

Pourquoi?

 

Le discours que je me sers,

En prose ou en vers,

A une portée disproportionnée

Par rapport à l'auteure que je suis

- moi, si près du sujet.

 

Le pouvoir des mots est fort.

Usons de prudence.

Faisons preuve de bienveillance.

Pour soi.

Pour l'autre.